Mesdames, Messieurs Les parlementaires de la Moselle

 

Metz le 19 septembre 2000

 

Mesdames, Messieurs Les Parlementaires,

 

Le bureau de la Fédération de Moselle de La Libre Pensée a été saisi par ses adhérents de l’affaire du tableau de la Crucifixion de Théodore Devilly du Palais de justice de Metz. Ce tableau étant accroché dans la salle de la Cour d’Assises de la Moselle et étant vous-mêmes parlementaires de notre département, nous nous permettons de nous adresser à vous afin de vous demander votre position sur cette question.

De quoi s’agit-il ?

La salle de la Cour d’Assises de la Moselle est ornée d’un tableau représentant le Christ.

Cette représentation du Christ préside à toutes les séances de la juridiction criminelle depuis 1866 et laisse penser que l’Etat accorde un certain crédit à la religion catholique, celle-ci étant ainsi favorisée par rapport à d’autres.

Vous n’êtes pas sans savoir que cette situation est contraire aux principes de la république laïque qui garantit la liberté de conscience et " qui ne reconnaît ni ne salarie aucun culte " (art. 2 de la Loi de 1905).

D’ailleurs de nombreux citoyens, magistrats et fonctionnaires, attachés à la laïcité de l’Etat, et donc à la laïcité du palais de justice, ont déjà demandé que ce tableau soit simplement déplacé à l’extérieur de la salle de la Cour d’Assises de la Moselle, notamment à l’occasion d’un référendum organisé par les responsables du palais de justice.

Certains pourraient répondre que ceux-ci sont minoritaires, mais est-il normal qu’un seul d’entre-eux se sente gêné par le maintien de ce tableau dans l’enceinte de la salle de la Cour d’Assises ?

Certes l‘Alsace et la Moselle ne sont pas soumis à la séparation des Eglises et de l’Etat, mais est-il normal qu’un citoyen de la République se voit imposer un symbole religieux dans un bâtiment public ?

Si ce tableau restait accroché dans cette salle, malgré la demande exprimée par des dizaines de citoyens, il s’agirait alors d’une atteinte à la liberté de conscience, ce qui est intolérable.

La Libre Pensée s’est adressée à Madame Elisabeth Guigou, Ministre de la Justice de la République et Garde des sceaux, afin de lui demander de faire respecter la laïcité dans ce palais.

Aujourd’hui, nous nous adressons à vous afin de vous demander d’intervenir pour faire déplacer ce tableau et permettre ainsi à la justice de se dérouler dans des conditions dignes d’un état laïque.

Nous vous demandons d’intervenir auprès de Mme Guigou afin que ce tableau soit déplacé hors de la Salle de la cour d’Assises de la Moselle.

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs Les Parlementaires, nos salutations laïques et républicaines.

 

Le bureau de Libre Pensée de Moselle

 

P.S. :Copie à M. Marcel MARTIN -

Premier président de la Cour d’Appel de Metz.

Accueil 

FACE="Tahoma" SIZE=4 COLOR="#008000"> 

>